A l'occasion de la Journée Mondiale contre la maladie de Parkinson ce jeudi 11 avril 2019, L'Express publie un article sur les pistes thérapeutiques les plus prometteuses, dont celles développées par les chercheurs de NeurATRIS.

La maladie de Parkinson est la deuxième pathologie neurodégénérative la plus fréquente en France (200 000 patients, 8 000 nouveaux cas par an), et reste diagnostiquée très tardivement. Quand les symptômes apparaissent - lenteur, raideurs et tremblements -, la moitié des neurones producteurs de la dopamine impliquée dans la régulation des mouvements sont déjà détruits. De nombreux scientifiques tentent donc de découvrir des signes permettant de repérer plus tôt la maladie. Les altérations de la parole, par exemple. "En appelant régulièrement au téléphone des malades et des sujets sains, puis en analysant 12 paramètres dans le spectre de leurs voix, nous avons créé un modèle mathématique capable de dire si un individu est atteint ou non", raconte le Pr Jean-Christophe Corvol, de l'Institut du cerveau et de la moelle épinière (ICM).  

Pour aller plus loin, les 25 centres experts français viennent de se doter d'un outil unique au monde : un registre incluant le suivi de tous leurs patients. Symptômes et traitements s'y trouvent consignés, et seront bientôt associés à des données d'imagerie et à des prélèvements biologiques, pour une analyse génétique. De quoi aider la recherche sur les marqueurs de la pathologie à faire des bonds de géant : "Quand des traitements efficaces seront disponibles, nous pourrons ainsi intervenir en amont, pour stopper la maladie le plus tôt possible", souligne le Pr Corvol, qui coordonne cette initiative.  

Parmi les pistes en vogue : l'immunothérapie. Elle consiste à injecter aux malades des molécules (des anticorps) chargées d'éliminer une protéine qui s'accumule dans leurs neurones et semble impliquée dans le processus de dégénérescence. Deux grands essais cliniques internationaux sont en cours, avec plusieurs centaines de patients, y compris dans l'Hexagone. Leurs chances de réussite restent toutefois encore très débattues dans la communauté scientifique. La protéine en question, l'alpha-synucléine, possède en effet différentes formes, normale et toxique, et il n'est pas certain que les anticorps actuels ciblent avec assez de précision la forme toxique. La réponse arrivera d'ici deux à trois ans. "Quels que soient leurs résultats, ces essais nous apprendront beaucoup sur cette stratégie : combien d'anticorps parviennent réellement au cerveau, est-ce qu'ils y provoquent une inflammation...", défend Ronald Melki, directeur de recherche au CNRS, et grand spécialiste des protéines en cause dans les maladies neurodégénératives. Récemment, ce chercheur a pu examiner l'alpha-synucléine à l'échelle atomique, grâce aux toutes dernières générations de microscopes électroniques. Il a ainsi pu mettre au jour les caractéristiques spécifiques de ses formes toxiques. Et cette découverte, en cours de publication, pourrait bien révolutionner la prise en charge de la maladie : "Elle permettra la conception d'anticorps ciblés uniquement contre les formes pathogènes de la protéine", prédit-il.  

Un autre suspect retient l'attention des chercheurs : le système immunitaire. "On constate une inflammation pathologique dans le cerveau des malades. Autrement dit, une réaction trop forte des défenses de notre corps, qui participent à la mort neuronale au lieu de protéger les cellules nerveuses", détaille le Pr Stéphane Hunot, de l'ICM. Mais, pour l'instant, les scientifiques en sont encore à tenter de comprendre les mécanismes à l'oeuvre. "Une chose est sûre : tous ces acteurs agissent de concert. Il faudra donc un cocktail de molécules pour neutraliser les protéines toxiques, protéger les cellules de l'oxydation, moduler le système immunitaire et espérer ainsi guérir la maladie", souligne le Pr Etienne Hirsch, président du volet recherche du Plan de lutte contre les maladies neurodégénératives.  

Au lieu de s'attaquer aux coupables, deux stars de la recherche française ont, chacune de leur côté, fait un autre pari : donner aux victimes - les neurones - les moyens de se défendre contre les agressions. Le Pr Alain Prochiantz, administrateur du Collège de France, ambitionne ainsi de "rajeunir" nos cellules nerveuses : "De cette façon, nous pourrions retarder le moment où les neurones meurent, et même stimuler la production de dopamine dans les cellules restantes." Comment ? Grâce à une protéine nommée Engrailed, essentielle à la mise en place des cellules dopaminergiques pendant la vie foetale et à leur survie chez l'adulte, qu'il veut injecter directement dans le cerveau des malades. Une stratégie efficace sur les primates : au bout de trois mois, les singes traités avaient conservé une activité motrice quasi normale, tandis que les animaux du groupe contrôle ne bougeaient presque plus. Sous réserve des autorisations nécessaires, un essai clinique pourrait démarrer l'an prochain : "Nous avons déjà recruté quelques malades pour lesquels un suivi rapproché a été mis en place, afin de pouvoir ensuite bien évaluer l'effet du traitement", souligne le Pr Stéphane Palfi, neurochirurgien à l'hôpital Henri-Mondor (Créteil), qui devrait réaliser les injections.  

Retrouvez l'intégralité de l'article ici : https://www.lexpress.fr/actualite/maladie-de-parkinson-des-pas-de-plus-vers-la-guerison_2070996.html